"Old chinatown était un quartier riche en folklore. Je ne m'y étais jamais vraiment intéressé, mais passer une journée avec ces gens m'avait fait apprendre pas mal de choses sur eux. Je venais de passer toute ma journée à faire des réparations de fours, de voitures, motocyclettes, vélos, microondes ... une fois chez le frère, l'autre chez le cousin, le fils... Bref, j'avais beaucoup bossé, mais j'avais passé d'excellents moments. J'avais prévenu ma petite famille de cette journée pas comme les autres, parce que je connaissais bien le vieux Chang. Quand je me déplaçais ici, ce n'était jamais pour rien. Le soir venu je mangeais avec sa famille des trucs dont je pourrais pas épeler le nom, ni même identifier la composition... mais c'était pas mauvais dans l'ensemble.  

Ma femme me téléphonait et me dit qu'elle et ma fille ne serait pas là cette nuit. J'avais oublié qu'elle allait chez sa sœur... J'avais ma clef, et du coup du temps pour moi. Elle avait un peu râlé qu'elle ne m'avait pas vu avant de partir. Je me décidais donc de garer ma moto derrière un petit bar sympa où je savais pouvoir faire des rencontres de wesen surprenants. Il y avait des jeux de fléchettes, billards, bras de fer, et à boire tant qu'on tenait sur la chaise. Je devais quand même être suffisamment lucide pour rentrer chez moi. Je m'assis donc à une table et commandais une pinte. Je fis une partie de fléchettes en les écrasant au score et j'ai bien rigolais, et une partie de billard où je me défendais. Je me rassis pour boire et remarquais un gars soûl. Ici ce n'était pas exceptionnel, mais celui-ci était surveillait par trois chinois qui ne semblaient pas être commodes. Je me dis que je surveillerais ça.

Après une heure je me décidais à sortir prendre l'air. Le gars sortait en même temps, je ne faisais donc qu'une pierre deux coups. Je le regardais s'éloigner. Une porte claquait sur le côté du bar. Je vis alors les trois chinois sortir et suivre le gars. Je soupirais et, baissant la tête, me décidais de suivre le mouvement comme si de rien n'était. Ils ne me remarquèrent pas. En tournant dans une rue moins large les gars venaient de rattraper l'autre et l'insultait en mandarin. Pas sûr que le gars comprenne bien notre langue déjà, dans son état, alors le mandarin... Ils étaient de plus en plus resserré sur lui et en venaient aux mains. Je me décidaient donc à intervenir.  Je me dirigeais derrière le plus petit, celui qui semblait mener la danse, et lui tapait sur l'épaule, je lui dis alors:

"Pas sûr qu'il comprenne le chinois ..."

Se retournant vivement, ils wogent tout les trois. Je me retrouvais face à trois mauvais dents. Ils me montrèrent leurs dents. Je woge à mon tour et ils eurent une seconde un mouvement de recul. Ils étaient tout les trois face à moi et m'attaquèrent les premiers. Je collais quelques coups aux bons endroits et ils déguerpirent en peu de temps. Je savais qu'ils n'allaient pas lâcher l'affaire si facilement. J'allais ramasser le gars et lui demandais:

"Vous allez bien ?  A part la tête qui tourne je veux dire... Et qu'est-ce que vous avez bien pu foutre pour les mettre en rogne comme ça ?"

C'con là parlait le chintoc en plus ! Heureusement qu'il avait attendu avant de décocher quelques mots. Ce mec sentais l'alcool à des mètres alentours, et il était pas en l'état de se battre si les espèces de tigres revenaient. Je haussais un sourcil quand il me demanda si j'étais américain. Non, sans déconner ? A Portland aux Etats-Unis y'a des américains ! Je soupirais sans répondre à ça. Je l'aidais à marcher jusqu'à une borne pour l'asseoir. Je n'étais pas sûr qu'il soit bien conscient de tout ce qui se passait autour de lui. Il m'avait aussi demandé si j'étais wesen. J'avais froncé mes sourcils et humais l'air. Il ne sentait pas le wesen, et il ne me semblait pas qu'il soit grimm. Ce devait donc être un Kehrseite Schlich kennen... Je n'avais rien à lui dire.

Je regardais ensuite s'il n'avait pas été blessé. A part quelques bleus que je ne pouvais pas voir il n'avait pas de plaie ouverte, au quel cas je sentirais le sang. Il se mit à me poser d'autres questions. Je devais lui répondre pour qu'il arrête de m'emmerder:

"C'était des chintoc pas contents, qui font partis d'un gang très spécial à Portland. Et pis vous êtes tellement bourré qu'comment vous voulez que j'comprenne c'que vous dites... J'me suis pas transformé, ça d'vait être dans vot' tête. Aller, on bouge !"

Je le relevais et le laissais marcher tout seul. Pendant qu'il titubait sur le trottoir pour me suivre, j'allais au bout de la rue et regardais les alentours. Je plissais les yeux pour aller plus loin avec mes sens wesen: rien à l'horizon. Il nous fallait au moins quitter le coin du bar et sortir de ce quartier. Une fois qu'il me rejoint, je lui demandais:

"Comment vous vous appelez et où est-ce que vous habitez ? Moi c'est Tancred Rotstein, et j'suis dans les quartiers résidentiels..."

Nous continuions de marcher. Je pensais alors à ma bécane derrière le bar. Je soupirais: je devais foutre ce gredin en sécurité et j'irais la récupérer après.

Ce type me faisait sourire. Il me disait ne pas être bourré et pourtant il avait tout du mec pas net. Je dis non de la tête. Je parlais tout à fait normalement, pas dans ma barbe, mais je ne gueulais pas. J'haussais les épaules. Il maintenait que j'étais un wesen et n'en démordait pas. Il n'avait pas tord, mais je ne voulais pas qu'il le sache et qu'il ait des ennuis s'il le répétait à quelqu'un. Il e dit s'appeler Aiden et habiter dans les quartiers sud de portland, dans un immeuble. Je répondais à sa question:

"J'étais là pour du bricolage dans tout le quartier."

Je dirigeais nos pas vers un magasin ouvert. Nous entrions. Le gérant me reconnu, j'étais passé chez lui aujourd'hui pour un lavabo. Je lui demandais de garder un œil sur Aiden le temps que j'aille chercher ma moto. Il l'accepta et l'amena dans une arrière-salle prendre un café... Je dis à Aiden que je revenais. J'en aurais pas pour longtemps à récupérer ma bécane. Je sortais prudemment et me redirigeais vers le bar en courant un peu. Il n'y avait personne dans la rue. Je passais derrière et vis un homme près de ma moto. Je m'approchais avec méfiance et l'apostrophais avec cordialité. Nous échangions alors quelques mots sur ma moto et je puis repartir sans problème.  

De retour au magasin en dix minutes à peine je pris le temps de la garer et rentrais. Le gérant me dit qu'il n'avait rien voulu. Je m'approchais de lui et lui demandais:

"Comment t'es v'nu jusque là ? Faut qu'j'te rentre, j'te laisserais pas dans le quartier rentrer tout seul..."

Il fallait bouger, et vite. Je ne saurais expliquer quel sens de Hundjäger me le disait, mais quelque chose n'allait pas. J'avais cette impression que nous étions observés, et je n'aimais pas ça du tout. Le gars me disait habiter pas loin du pont, comme c'est pas ça qui manquait à Portland, même en centre ville, il ajouta qu'il m'indiquerait. Je lui tendait alors mon autre casque et lui fis signe de monter. A la tête qu'il faisait, il ne devait pas souvent monter en moto, même se devait être sa première fois.

Je fis un petit signe pour remercier mon ami chinois et montais sur ma bécane. Nous filions dans le quartier adjacent et arrivions vite par chez lui. Mais j'avais toujours cette impression bizarre, ce genre de frisson avant la baston... Je roulais tranquille en regardant dans mes rétro, mais rien. C'est arrêtés que nous entendions des bruits anormaux. Il y en avait qui se tapaient dessus derrière le bâtiment. Le bruit de tôle et les rugissements me disait qu'il s'agissait de ses saletés de tigres. Ils avaient été sacrément discret ces enfoirés. Et là, il devaient se battre le droit de faire la peau au Kehrseite-Schlich-Kennen. Je connaissais une façon de mettre fin à ces conneries...

Je sautais de ma moto et courais en direction du bruit. J'avais oublié de dire à l'autre de rester en arrière. Je jurais, la situation était plus grave que je ne le pensais d'abord. Les deux gars étaient après une fille de leur sang et se tapaient dessus, à la fois pour elle et pour le Kehrseite-Schlich-Kennen dans un second temps. Je woge, tant pis pour Aiden, eux l'étaient déjà. L'un des deux, le plus petit, jeta la fille dans des cartons. Là ils n'étaient plus à se bouffer, mais bien copain comme cochon. Ils se tournèrent vers moi. Woge, ils étaient plus gros que moi. Je leur dit:

"Vous avez besoin d'aide ?"

Ils approchèrent en rugissant. Ils pointèrent leur griffes et bavaient en montrant leurs dents. Ils allaient attaquer.

"Je vous le déconseille vivement..."

Mais pourquoi parler ? Hein ? Trop facile d'écouter ses aînés et pas faire de bêtises sans connaître son adversaire. Pourtant un célèbre stratège chinois disait bien de connaître ses ennemis avant d'espérer le triomphe. Même si ces wesen étaient pus puissants que moi en théorie, leur inexpérience du combat leur firent défaut. Je plaçais mes coups habituels de défense, ça ne s'oublie pas, et quand on pratique, ça marche ! En quelques secondes à peine les deux tigres étaient devenus de gentils minous, après le passage d'un bulldozer ...

Je me retransformais et me tournais vers la femme:

"Casses-toi !"

Elle ne se fit pas prier, se leva et partit en courant.

"Et touchez plus au Kehrseite-Schlich-Kennen !"

Je me retournais alors vers Aiden et soupirais fortement:

"Ouais, ok, c'est pas l'alcool... Appel les keufs et dit qu'tu t'es fait agressé par ses deux barges, ils recommenceront pas de ci-tôt vas... On va les attendre ensemble"

Je reprenais mon souffle et souris à la tête d'Aiden. Je rajoutais alors, pour plaisanter:

"Quoi, mon allemand est si pourri qu'ça ?"