In the jungle
Ethan, Ambroise ou Zora, voilà les prénoms sur lesquels hésitait le couple Swann. Malgré les missions à travers l’Amazonie profonde, rien n’empêchait ces amoureux de penser à leur futur foyer. Les deux sont médecins généralistes, mais lui apprirent sur le tas les rudiments à donner aux animaux. Avec Médecin sans Frontières, ils arpentaient la jungle pour venir en soutien aux villages endoloris par la guerre. Ils se complétaient depuis les bancs de la fac de médecine de Seattle et chacun s’accordaient pour dire qu’ils formaient un couple exemplaire. Jamais parfais mais équilibré et surtout prêt pour fonder une famille. En permission à Sao Paulo, elle tomba enceinte. Ce n’étaient pas les meilleures circonstances pour donner naissance à un enfant mais depuis le temps qu’ils en rêvaient … Zora naquit donc 9 mois plus tard dans la même ville. Son père ne put assister à l’accouchement, parti deux semaines en expédition dans la région de Parana venir en aide à un village touché par la famine. Cela ne l’empêcha pas d’arriver le plus vite possible pour aider sa femme à s’installer dans leur nouvelle demeure.

Plantée à la lisière de l’Amazone, la petite maison de bois accueillit les Swann avec chaleur et protection. Avec leur bébé, les médecins réduisirent leurs déplacements pour se focaliser sur un périmètre de quelques kilomètres autour de chez eux.

Zora grandit parmi les locaux et apprit à monter à cheval avant de savoir marcher. Elle parlait le portugais et l’anglais avec aisance à son entrée en primaire. Compter, lire, écrire, découvrir le monde … tout fascinait cette enfant aux grands yeux clairs. Le soir, elle racontait les histoires qu’elle avait apprises en classe à ses parents. Dès ses huit ans, Zora se la jouait indépendante. Elle traversait le village, saluait les habitants, embrassait les enfants et partait dans la jungle sur son poney attitré. Le vieux Kit l’emmenait partout sans rechigner, sans jamais se plaindre ni la mettre à terre. Cette enfant-là, Zora, eut une enfance atypique mais épanouissante. Quand elle fut plus grande, vers ses 10 ans, ses parents la laissaient quelques semaines chez des amis du village pour reprendre leurs activités médicales à travers le pays. Zora voulait les suivre mais c’était trop dangereux. On ne savait jamais sur qui on pouvait tomber, ni sur quoi. Seule, elle disparaissait parfois plusieurs jours, explorant sans l’accord de ses tuteurs les alentours sauvages. C’est au fil de ses expéditions qu’elle s’éprit d’amour pour la nature et les animaux.


First wings
Un soir qu’elle rentrait du lycée, durant le long trajet de bus, une sourde douleur la surprit dans le dos. Il fallait tenir encore quarante minutes avant que le bus ne s’arrête aussi elle sera les dents. Son petit ami, Rubio, s’enquit de sa santé mais fut envoyé bouler. Zora devenait légèrement agressive quand elle était fatiguée où que quelque chose lui faisait mal. C’était comme une brûlure lancinante qui balayait son dos le long de sa colonne vertébrale. Son visage se déformait et ce reflet qu’elle voyait dans la vitre l’effrayait. Elle retenait des cris quand la douleur devenait plus vive. Elle serra ses bras autour de son corps, essayant de faire pression sur son dos, en vain. Le milieu du dos est difficilement accessible, c’était une torture. Rubio se ré-approcha mais elle l’ignora, préférant se lever et marcher jusqu’au chauffeur. Il l’arrêta là, au bord de la route, à une vingtaine de kilomètres du village à travers la jungle. Ses camarades l’observèrent marcher dans l’herbe, pliée en deux le visage couvert de larmes. Elle insulta le chauffeur en ordonnant qu’ils la laissent seule. Mais que lui arrivait-il ? Zora n’avait jamais connu ça, même ses premières règles furent moins atroces. Elle claudiqua plusieurs minutes, qui lui parurent être une éternité, jusqu’à trouver un cour d’eau claire, assez rare dans le coin. Elle s’y vautra, priant pour la sensation de brûlure s’atténue au contact de la fraîcheur. La jeune fille resta là longtemps, profitant du répit qui lui offrait cette eau bienvenue.

Ce salut ne dura pas. La douleur changea, délaissant la brulure au profit de lents coups de couteau dans sa chair. Paniquée, en larmes, Zora quitta la rivière et hurla sans que personne ne l’entende. Du chaud coulait sur ses reins. Reprenant difficilement son calme, elle passa une main dans son dos. La panique la reprit lorsqu’elle découvrit du sang entre ses doigts.

Elle tomba à genoux accablée par le poids de la douleur qui la transperçait. La douleur redoubla de puissance, forçant son dos à se cambrer de manière non naturelle. A nouveau, un hurlement quitta sa bouche. Zora en vint à supplier la Mère de la tuer, d’arrêter de la torturer ainsi, qu’elle n’avait rien fait pour mériter cela. Elle se roula en boule après une nouvelle secousse lui déchirant le dos. Elle respirait mal, n’y voyait plus à cause des larmes, ses membres tremblaient … en un instant, le noir se fit autour d’elle et son âme s’envola loin de ce corps meurtri. A ce moment, la jeune fille se sentit légère comme tout, elle semblait flotter au-dessus de sa terre natale. Le vert de l’Amazonie emplissait son champ de vision, ne laissant aucun espace pour le bleu du ciel. Il n’y avait pas un bruit, juste le son régulier des battements de son cœur. Etait-elle enfin morte ? Le salut tant attendu ressemblait donc à ça, une immensité verte et naturelle sans aucun être vivant à l’horizon.


Zora ne ressentait plus rien mais cette voix surgit de nulle part. Elle était douce et répétait ces mots sans cesse, lentement, légèrement, comme si elle venait des cieux.  Ça ne voulait rien dire pour la jeune fille, ces termes lui étaient étranger mais lui faisait l’effet d’une berceuse. Bien que sans corps, ses paupières devinrent lourdes et finalement, elle s’endormit.

« Zora ! Zoraaa ! » La nuit était tombée depuis longtemps quand on retrouva la jeune fille évanouie dans l’herbe. Seuls ses parents étaient partis à sa recherche, repoussant toute aide, prétextant qu’elle était sans doute malade et contagieuse. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, la lueur des lampes éclairait le visage de son père qui la tenait dans ses bras. La première sensation qu’elle ressentit fut le froid. Rapidement, sa mère la couvrit d’un gros gilet de laine mais la brunette ne réalisait pas vraiment ce qui lui arrivait. « Nous aurions dû être là … » disait son père. « Mais ça ne devait pas arriver avant des mois d’après nos calculs ! » se défendit sa mère d’une voix tremblante. « Et puis, ce n’était pas sur … tu n’en es pas un …. ». Zora ne comprenait pas de quoi parlaient ses parents sous le couvert de la nuit. Elle se redressa alors qu’ils continuaient de se disputer. Tout allait aller pour le mieux, se dit-elle, jusqu’à ce qu’elle tourne la tête. Elle poussa le plus long cri de toute sa vie après avoir aperçu une longue forme bouger à côté d’elle. Le pire fut quand la chose bougea alors qu’elle reculait, paniquée. Elle roula à quatre pattes pour fuir mais la chose bondit sur son dos. Elle s’écroula dans les bras de son père dans un dernier soupir, se croyant complètement folle.

Zora rouvrit les yeux allongée à l’arrière du pick-up de ses parents. Le jour pointait son nez et sa mère l’attendait avec le visage tordu d’un rictus ennuyé. « Ne bouge pas, tu dois m’écouter … ». Malgré la peur, Zora fit confiance à sa mère et ouvrit les oreilles pour entendre cette histoire improbable. Le soleil était haut dans le ciel quand le récit prit fin. Assise en tailleur devant ses parents, elle accusait le coup. Ainsi elle était une Spitzbübisch Schönheit, soit plus simplement une fée. Et la brûlure, la douleur, la perte de connaissance, la chose … c’était sa première transformation en cet être qu’elle croyait imaginé. « La première sortie des ailes est très douloureuse … » avoua sa mère en regardant sa fille. « Elles doivent briser les os des côtes et fusionner avec eux et après, percer la peau pour s’épanouir librement. C’est une douleur incomparable. » Mais il est rare qu’une fée et un humain donnent naissance à une fée. Généralement, cette espèce se reproduit difficilement. En plus, la première mutation ne survient que vers les 16 ans. Pour Zora, c’était quasiment impossible de prévoir si et quand ça arriverait. « Il faut que tu les fasses rentrer pour qu’on puisse retourner au village … »

Sa mère lui expliqua comment faire en lui montrant avec ses propres ailes. Les deux paires étaient très différentes. Cachés dans la forêt, le père photographia les ailes de sa fille, sombres et dénuées de plumes. Loin de l’oiseau, plus comme le dragon ou la chauve-souris.

Il fallut plus d’une heure à Zora pour faire rentrer ses ailes en elle, plusieurs jours pour que son dos cicatrise et de longues semaines afin de se faire à l’idée qu’elle était différente. Jusqu’à sa majorité, elle apprit tout ce qu’elle put sur son espèce et les autres qui vivaient sur la planète. Elle apprit aussi que ses parents aidaient beaucoup de gens grâce aux pouvoirs des fées, surtout celui de guérison. Zora s’entraina souvent seule à voler et guérir de petits animaux. Sa nouvelle nature ne la changea pas pour autant, la jeune fille devint femme et garda chaudement son secret.

Portland town  
« Je vous écrirais ! » promis la jeune femme depuis la salle d’embarcation. Tout juste majeure, elle s’envolait pour Portland chez son grand-oncle Barry, faire des études supérieures.
Elle eut beaucoup de mal à se faire à la vie en ville. Le métro, les quartiers résidentiels, la grande université, les jeunes blancs becs hautains et imbus d’eux-mêmes, la politique étrange, les passages piétons, le prix du bus, le coût de la vie. Très vite, elle trouva un petit travail dans un bar et se tue pour valider sa première année d’étude. Les week-ends elle aide son grand-oncle avec la maison. Le vieillard est malade et handicapé moteur. Barry ne se déplaçait qu’en fauteuil et sentait le poids des années peser sur lui.
A 20 ans, Zora aiguilla ses études vers la kinésithérapie et les médecines douces pour utiliser ses dons de fée sur des clients. Grillée par un patient de l’université, elle découvrit le monde wesen de la ville, très dense. C’est ainsi qu’elle changea de travail pour bosser tous les soirs dans un bar wesen fréquenté différemment selon le jour de la semaine. Le week-end, c’était mal famé mais le yoga et les sorties à cheval lui faisaient oublier certaines bagarres entre êtres plus laids les uns que les autres. Pas grand monde ne savait qu’elle était une fée, sa mère lui avait fait jurer de ne pas en parler car les fées étaient en voie de disparition à cause d’une vieille malédiction. Présente au bar pendant 3 ans, la jeune femme n’opéra jamais une seule transformation, appréciant que les gens la prennent pour une discrète Hexenbiest.
A la fin de sa 24eme année, elle accueillit ses parents à Portland pour les funérailles de Barry. Le pauvre homme n’avait pas souffert, émettant son dernier souffle dans son lit. Zora promit alors de venir quelques semaines au Brésil à la fin de ses études l’été prochain. Pour tenir cette promesse, elle redoubla d’effort et termina première de sa promotion et sans prêt étudiant grâce à l’héritage de tonton Barry. Ainsi, elle passa l’été entier sur sa terre natale, parmi les jeunes du village et ses anciens amis. Le retour allait être rude mais elle devait gagner un peu sa vie si elle souhaitait un jour revenir à sa vie de sauvage.
Grâce à son dossier en bêton, Zora ne peina pas à trouver de travail à Portland et les résultats furent sans appel : elle faisait des merveilles sur bon nombre de patients. Aussi, quand elle rencontra un certain Aiden Sullivan, elle soigna sans soucis ses douleurs cervicales, préconisant de diminuer le travail. Il réclama une séance de plus, puis deux … puis un dîner. Elle était sous le charme.

Le jeune homme qui avait ravi son cœur était psychologue mais ignorait tout de la nature profonde de la femme qui partageait sa vie. Allait-il le découvrir grâce à son art ou bien allait-elle le lui révéler ?

- Prénom: Maëlle
- Pseudo: Zora
- Où avez-vous connu le forum ? Sur un top-site dont j'ai oublié le nom. J'ai sacrément fouillé car je voulais un petit forum sur l'univers de Grimm *.*
- SCÉNARIO OU INVENTÉ ? Scénario
- Fréquence de connexion : Après Avril, quasi quotidienne ! Rp hebdomadaire si pas de soucis.