Les fêtes de Noël passées en partie au Brésil ont été chargé et caloriques. Malgré la bonne bouffe végétale de la mère de Zora, celle-ci est rentrée au pays avec quelques kilos en plus. Cliché ? Si seulement. Ça ne se voit pas sur la jeune femme d’après son petit ami, mais elle, elle le sent. Le culte de la minceur tout ça tout ça, non. Elle ne fait pas la chasse au gras ni à la cellulite mais elle voue un culte à son Levi’s et elle veut le rentrer jusqu’à la fin de ses jours. Et pour le moment, il est un poil serré. Courir, voler, manger sain c’est très bien, mais à deux c’est mieux.

Simplement vêtue d’un fuseau, d’une grosse veste polaire et d’un bonnet fushia, Zora s’en va en petite foulée vers la fôret où elle a rendez-vous avec son amie Althéa. Les deux jeunes femmes se sont rencontrées dans des circonstances plutôt originales, mais grâce à leur connaissance en commun, elles ont rapidement noué une sympathique amitié. Ce week-end c’est pause dans leur vie. Une balade assez imprévue, incrustée dans l’emploi du temps en fin de matinée, entre deux gâteaux et une tété. « Alt’ je suis là ! Désolée pour le retard, j’ai pas d’excuses. » sourit-Zora en embrassant la jeune maman. Motivées elles s’éloignent sur le sentier en direction du sous-bois.

Le soleil est assez haut dans le ciel pour la saison et atteint le visage des randonneuses à travers les branches sans feuilles. Quelques sapins donnent une bonne odeur à l’air, propageant une atmosphère vraiment paisible à la balade. La quiétude de la nature est tout de suite interrompue par la discussion lancée entre les deux amies. Bébé, travail, amour, films, potin du travail … tout est passé au crible pendant la première heure de la balade. Elles rigolent et se motivent, profitant un maximum de l’environnement. Sous une haute canopée de conifères très épais, Zora propose une halte. « Tu veux un coup d’eau ? » Accroupie sur les aiguilles de sapin fané, elle sort de son sac une gourde. Le couvercle sert de gobelet et s’en sert une lichette. L’eau est bien fraiche, ça fait du bien au gosier. Tendant la gourde à Althéa, elle perçoit un son inhabituel plus au nord. Zora se relève en haussant les épaules mais un frisson lui parcours l’échine. Un rugissement reconnaissable entre mille fend l’air et arrête le cœur de la fée. Faisant écho au premier, un second hurlement s’élève vers les cieux. Zora jette un regard paniqué à Althéa qui semble aussi avoir entendu les cris. Des loups-garous en chasse. D’après les petits échanges de babillements récent, ils ont flairé une proie. Sans doute les deux jeunes promeneuses, parties sans défenses.

La fée referme son sac avec hâte et l’enfile à l’envers, contre sa poitrine. Elle se tourne très rapidement vers Althéa alors que les fourrés alentours commencent à bouger subtilement. Althéa doit avoir senti le danger malgré sa situation de simple humaine. Son visage est figé et légèrement plus clair qu’avant. Zora sent les traqueurs se rapprocher prêt à attaquer. Elle a un plan mais elle hésite. Dévoiler ainsi sa nature…

Un soubresaut dans un fourré à moins de 10 mètres la convainc d’agir. Elle pointe le doigt vers l’arrière et hurle un ordre un peu trop paniqué à Althéa. "COURS !" Zora se retourne alors pour invoquer sa magie, ignorant son amie censée être partie en courant. Son cri a rendu l’atmosphère plus tendue, précipitant l’attaque des prédateurs.

Ses ailes transpercent son dos puis son vêtement en s’étendant derrière elle comme deux voiles translucides. Une des bêtes surgit d’un fourré quand Zora quitte le sol et s’élève à deux mètres.

Cela aurait dû être une simple séance footing, rien de plus. Si Zora avait pu imaginer que son amie et elle se ferait repérer par des loups garous, jamais elles ne seraient sorties ! Seulement c’est trop tard maintenant, elles ont été senties et dorénavant elles sont traquées. Althéa ne doit pas voir ça sinon, ça risque d’être encore pire. Avant de laisser ses ailes éclore dans son dos elle crie à son amie de s’enfuir, constatant que c’était trop tard pour éviter l’affrontement.

Zora ne sait pas du tout à quoi elle pense. Ils sont au minimum deux, et combattre deux loups garous, c’est très difficile pour une fée. Elle n’a pas de crocs, pas de griffes, juste des ailes et de la poussière de fée. A peine a-t-elle prit sa forme de wessen que le premier surgit des buissons, bave aux lèvres. La fée s’envole et jette un regard paniqué autour d’elle, priant pour que son amie ait prit ses jambes à son coup. La bête grogne à bonne distance, sans doute légèrement surprit par la nature de l’être qu’il a traqué. Sur le sentier un peu plus, elle ne peut que constater que la chevelure flamboyante de son amie ne s’enfuie pas, personne ne court ventre à terre en direction du parking, pourtant vu d’en haut Zora à plus de visibilité.

Un nouveau grognement l’attire vers la scène qui se déroule sous ses pieds mais son regard dérive vers un tas de couleur perdu au milieu du tapis de feuille morte. « Althéa ! » crie-t-elle en se déplaçant dans les airs toujours hors de portés des bestioles démoniaques les yeux rivés au sol. Et c’est là qu’elle l’aperçoit, une petite tache claire qui bouge sous les vêtements de la mère de famille. Le second loup garou n’est pas encore arrivé, envisageant certainement une façon d’attraper cet oiseau inhabituel. La boule de poil pointe alors son museau à travers la manche du pull. Althéa ? Zora ne voit que cette solution, les deux jeunes femmes d’apparence normale sont en réalité bien plus que ça … La fée jette rapidement un coup d’œil au prédateur qui s’évertue à s’approcher d’elle avec plus en plus d’aisance.

« Ne bouge pas ! » Elle espère ne pas rêver et ne pas parler dans le vide. Prenant appuie sur une branche assez haute, elle invoque ses capacités de fées et implore les quelques racines présente dans le sol de s’élever. Très vivement, les rhizomes des fougères alentours s’échappent et se dirigent dans la direction que leur impose Zora, à savoir vers les chevilles poilues du wessen. Il faudra agir vite. La bête se détourne de la fée puis se débat avec ses entraves naturelles. Dès qu’il bascule au sol, Zora plonge vers le tas de vêtement et prend tout dans ses bras, blottit contre sa poitrine. Le second wessen en profite pour surgir, obligeant la fée à reprendre son envol.

« Alth' ? » souffle-t-elle en dirigeant son vol vers le sud, s’élevant toujours un peu plus vers le sommet des arbres. La frimousse d’une petite souris sort du tas de vêtement, le poil ébouriffé par le vent frais des hauteurs. Les deux êtres échangent un long regard et Zora comprend que c’est bon, elles sont sauves. Au moins, c’est beaucoup plus simple de fuir vers la ville que si elle avait dû porter la Althéa humaine. Au loin, deux hurlements de loup transpercent les cieux, brisés, annonçant l’échec d’une traque pourtant bien partie.

Zora vole ainsi pendant de longues minutes jusqu’à trouver par hasard la planque d’un chasseur planté là, au sommet d’un sapin. La jeune femme se pose, à bout de souffle, libérant sur le plancher la petite souris au regard qu’elle connait déjà.

C’est un trop plein d’émotion pour la jeune fée. Comment un simple petit footing entre amie peut-il tourner aussi vite en course pour la vie ? Heureusement que l’une des deux amies est capable de voler et de porter sur quelques centaine de mètres un humain de poids moyen. Et c’est là que la chance continue de surprendre le duo, avec la seconde amie qui peut devenir une minuscule petite souris, encore plus facile à transporter. Zora parvient donc à voler et éviter les wessens en colère, jusqu’à se poser un peu plus loin au sommet d’un arbre, sur la terrasse d’une cabane de chasseur. Essoufflée, la fée se laisser tomber sur le bois et attend que son amie pointe le bout de son nez, le regard perdu vers l’horizon. Pourtant elle écoute, tend l’oreille pour percevoir si Althéa se transforme, mais elle ne distingue rien. Ses ailes sont repliées dans son dos et scintillent au soleil. Le temps que son amie se rhabille, Zora lisse une de ses ailes du bout des doigts et récupère machinalement de la poussière de fée. Des bruits de vêtements lui indiquent que c’est bientôt possible de se retourner sans amputer l’intimité de son amie. Ainsi, elles sont toutes deux des wessen .. ? Zora laisse s’envoler sa poussière dans l’air puis refait face à la jeune maman. Elle a les larmes aux yeux. - Je pense que nous avons des confidences à nous faire même si nous avons dévoilés notre vraie nature l’une à l’autre. J’ai eu si peur et sans toi je serais morte. Quoique à l’état de souris ils n’auraient pas eu grand-chose à se mettre sous la dent... – Zora sourit à ce petit trait d’humour et serre les mains de la jeune femme entre ses doigts. Elles sont sorties d’affaires, c’est l’essentiel. Leur rire s’envole dans le ciel, provoquant l’envol de quelques oiseaux n’ayant pas migrés vers le sud.

Althéa embraye sur l’état du vêtement de Zora, déchiré dans son dos. Elle hausse les épaules, c’est toujours ainsi, et puis, ce n’est que deux trous. Elle a l’habitude de racheter des t-shirt et des pulls. Assise en tailleur les coudes sur les genoux, elle écoute attentivement l’histoire si imprévisible de son amie. Zora a des étoiles plein les yeux, découvrant qu’Althéa est unique, privilégiée dans son don même s’il a visiblement était dur à accepter. Vient le tour à la fée de s’expliquer, c’est un exercice plus aisé depuis qu’elle a dû y passer avec Aiden.

« Ma mère est comme moi, donc je savais que j’y passerai, mais j’ai eu mon premier wogge vers 16 ans. Je vivais au Brésil encore, et j’ai passé des heures et des heures à m’entrainer pour moins souffrir et mieux voler ! Aiden est aussi au courant … il l’a appris par hasard, je me suis transformée involontairement alors qu’on regardait un film ! » Zora cache sa bouche et éclate de rire au souvenir horrible que fut ce moment. C’était gênant mais au final très bénéfique. Depuis ils n’ont plus de secret l’un pour l’autre et leur relation s’écoule paisiblement, sans ombre au tableau. « Je suis heureuse que nous nous comprenions toutes les deux, tu es un peu comme ma meilleure amie ... » Il est vrai que ça lui coutait de lui mentir mais elle avait l’habitude que son secret soit immuable. Zora connait des wessen mais beaucoup la prennent pour une sorte d’Hexenbiest puisqu’elle a des pouvoirs mais évite de se faire pousser ses ailes à tout va. « J’ai le cœur qui bat à douze mile ! » s’exclame-t-elle en entendant un dernier hurlement lupin très loin dans la forêt. Son sourire éclaire la cabane de chasseur haute perché. Ses ailes tombent dans le vide, tirant sur son dos et sa colonne vertébrale. « Rassures-toi, je te porterai pour descendre de là ! »

Décidément Aiden à bien évolué depuis l’an passé quand il a découvert la nature d’Althéa. Zora boit les paroles de son amie et profite de ce labs de temps pour rentrer ses ailes et se couvrir un peu. Elle avait dans son sac à dos une fine veste en un tissus bien pensé qui maintient le corps au chaud. “Quelle histoire … je pense qu’il aurait voulu me tuer aussi s’il n’avait pas découvert ta nature avant la mienne !” La fée mine le geste de s’essuyer une goutte sur le front pour montrer qu’elle a eu chaud aux ailes.

La courte scène au sommet de l’arbre est animée d’une nouvelle discussion autour de l’amitié avant de partir sur un tout nouveau sujet. Ou disons, angle de vue. Althéa s’inquiète de savoir si Zora possède d’autres capacités en plus de savoir voler. En tant qu’amie, elle se confie en première, laissant transparaître toute la confiance qu’elle accorde à la fée. Au départ Zora sourit face aux capacités énoncées puis roule de grands yeux ronds. Etre quasiment immortelle, c’est impossible ! Ainsi elle aurait les mêmes capacités génétique que le lézard qui peut faire repousser sa queue et le genre de méduse immortel ? La mâchoire de la jeune femme se dévisse en imaginant à quel point son amie peut être puissante et surtout dangereuse si elle le souhaite. Ce qui n’est pas le cas bien sur, mais dans le monde de Grimm il faut tout pouvoir envisager. Au mot “monstre”, Zora secoue la tête et referme la bouche avant d’adresser un sourire à son amie. Quelle vie … celle de la fée est moins grandiose même si ses dons sont multiples. “Eh bien, on va dire que tu es chanceuse ! Mais loin d’être un monstre. Ou alors une mignonne petite boule de poil monstrueuse !” C’est pour la taquiner, en aucun cas pour la vexer.

C’est dorénavant au tour de la fée de se mettre à nu. Althéa mérite de savoir, c’est une femme bien et elles viennent d’échapper à un duo de loup garou bien décidé à les dévorer. C’est le moment le plus propice, perchées en haut d’un arbre, pour faire des révélations. “A vrai dire oui, j’ai d’autres capacités que celle de voler.” Zora remue les doigts de sa main gauche sans quitter la bague qui trône à son majeur. Avec son pouce, elle déclipse le capuchon de la bague d’empoisonneuse et montre le contenu à Althéa. “Je peux récupérer la poussière qu’il y a sur mes ailes, c’est un puissant psychotrope pour les novices, très prisées au marché noir, mais si j’en fait inhaler à quelqu’un, je peux lui manipuler l’esprit un certain temps.” Elle referme promptement la bague et joint ses mains entre ses cuisses. “Je peux aussi manipuler les plantes, comme tu l’as peut être vu tout à l’heure. Diriger les branches, faire pousser les racines. Mais je ne suis pas très puissante, c’est assez limité.” Le vent secoue les feuilles autour d’elle, ou peut-être que c’est Zora, qui sait ? Elle soupire dans un sourire avant de conclure avec le don qui l’amuse le plus et lui sert le moins. “Et dernière petite chose, je peux transformer pour quelques temps des végétaux en autres objets. Par exemple ce gland peut devenir un dés à coudre.”

Le fruit du chêne tombé sur la plateforme de la cabane change lentement de forme pour laisser place à ce petit objet cylindrique argenté et strié. “Ca fait un peu hexenbiest vu comme ça …” Zora est un peu dépitée par ces dons que la nature lui a offert, ils sont très bien mais c’est rare qu’elle s’en serve dans ce monde. Si elle était restée au Brésil, au moins elle pourrait partager cela avec ses parents…

Cela fait longtemps que Zora n’a pas présenté ses pouvoirs à une autre personne. Depuis qu’elle est arrivée à Portland elle se cache un peu même si au fil des années elle a compris que cette ville regorgeait de Wessen en tout genre. Mais là, après avoir échappé à des loup-garous, au sommet d’un arbre, c’est une grande première. Elle sourit à nouveau à son amie puis l’écoute attentivement, les bras passé autour de ses genoux remontés contre sa poitrine. Elles sont isolées du monde perchées là haut et c’est un moment vraiment agréable. C’est vrai que son pouvoir pourrait être utile en salle d’interrogatoire aussi la jeune femme acquiesce. “Je te prêterai bien ce don quelquefois si tu veux,” rit-elle sans se retenir. Après tout ça la changerait bien de ses séances de kiné. D’ailleurs elle a oublié d’évoquer le soin qu’elle peut prodiguer aux gens mais c’est pas important. Althéa s’ouvre un peu plus et parle de ses peines à se faire comprendre par son entourage. C’est vrai qu’Aiden est un peu du genre à surprotéger les gens qu’il aime mais cela fait partie de son charme. “Oui, j’ai aussi du mal à lui faire entendre que je peux largement me défendre seule.” A vrai dire, elle pourrait sans problème tuer à peu-près n’importe qui, sauf dans un moment de panique.


Elle se perd dans ses pensées à son tour, submergée par les souvenirs de la soirée où elle avait failli être violée. La soirée où deux hommes sont morts des griffes d’une Grimm en devenir. Kylie lui avait certainement sauvé la peau ce soir-là, Zora s’était laissé surprendre et submergée par le poids de ses agresseurs.

Un hurlement dans la forêt la tire de ses songes en même temps qu’Althéa. Ca vient de l’ouest, là où les garous les ont attaquées il y a moins de dix minutes. “Tu as raison, allons y !” Zora se laisse tomber souplement sur le tapis de feuille et marche dans le sillage de son amie policière. Armée de son pistolet, elle prend les devants et couvre la zone. Des pleurs arrivent aux oreilles des deux femmes. C’est un garçonnet dont les parents ont été prit par les monstres. - En cas de pépin tu es la plus apte à évacuer cette enfant loin d'ici. Prête à affronter nos monstres ? Zora hoche la tête et commence à courir vers la direction indiquée par l’enfant. Il doit avoir dix ans tout au plus et s’accroche du mieux qu’il peut à la main offerte par la fée. En avançant, elle lui parle, le rassure, toujours d’une voix douce. Il est traumatisé et la seule chose qui l’empêche encore de pleurer, c’est le fait de courir.

Au bout d’un moment Althéa les stoppes et demande le silence. Zora soulège l’enfant et le prend dans ses bras. Elle caresse ses cheveux et lui murmure “chut … ça va aller” du mieux qu’elle peut. Des bruits étouffé proviennent d’une vieille cabane un peu plus haut sur la coline. Masquée par les bois, on ne la remarque qu’en cherchant quelque chose. Althéa semble encore chercher d’où viennent les cris étouffés. “Là-haut.” Le visage de la fée est tendu. Elle a déjà affronté des Wessen colère mais jamais par deux, et encore moins avec un enfant à charge. S’acroupissant, elle plonge son regard dans celui du petit garçon. “Je suis désolée mais tu dois rester le plus calme possible.” Elle décroche la pince de sa bague d’empoisonneuse et souffle une volute de poussière de fée au nez du garçon. Instantanément son regard devient vitreux mais son corps répond parfaitement aux diverses demandes. “Je veux que tu cesses de pleurer et que tu ne fasses aucun bruits jusqu’à ce que je te dise de reprendre.” Son ton est ferme et l’enfant opine du chef. Elle se redresse et regarde son amie d’un air à moitié coupable. “J’ai pas mieux si on veut le garder en sécurité et silencieux…” Elle grimace comme pour dire qu’elle trouve ça dégueu de manipuler l’esprit d’un enfant, mais bon, pas le choix. “Et puis il ne se souviendra de rien au moins …”

Pendant qu’Althéa réfléchit à un plan pour entrer et empêcher les monstres de dévorer les parents du gamin, Zora implore ses ailes de transpercer sa peau et se déployer dans son dos. Une fois à l’air, elle ordonne à l’enfant de s'agripper à son dos de toutes ses forces, en plus de se taire. En place, elle replie ses appendices et le maintien. “Qu’est ce qu’on fait maintenant ?” S’il faut foncer dans le tas, ça peut être gagnant avec l’effet de surprise et Zora, chargée d’adrénaline, est partante.

La fillette est complètement troublée par le pouvoir de la poussière de fée et n'émet aucune objection à ce que les deux femmes l’ayant sauvée des loups-garous la trimbalent comme une poupée de chiffon. La maison devant laquelle elles se sont arrêtée suinte des hurlements de personnes en danger. Althéa approuve l’idée de foncer dans le tas, sans doute son âme de flic qui prend le dessus sur celle, plus prudente, de maman. Zora reste en retrait au cas où les garous sortent et s’en prennent à l’enfant, mais rien ne vient. Althéa l’appelle alors, un noeud dans la voix. “Vide ? Mais qu’est ce que ça veut dire ?” La fée est écœurée de savoir que tout cela n’est qu’un coup monté à l’aide d’une cassette et d’un diffuseur. Qui peut bien mettre en scène ce genre de scénario ?

Heureusement Althéa est au plus au courant que Zora des tristes traditions wessen. La fée se penche vers la petite fille toujours perdue dans ses pensées, et est submergée par la peine. Ainsi elle n’est pas dotée du don comme ses parents et ils l’ont donc abandonnée. Mon dieu … Toujours sous emprise, la fillette grimpe dans les bras de Zora et colle un bisou baveux sur sa joue. Toutes les trois sourient mais le rôle attribué aux adultes est plus lourd qu’il ne devrait. “Pauvre petite,” souffle Zora en écho à la douleur qu’Althéa laisse paraître dans ces paroles. Comment peut-on laisser sa chair dans une forêt, juste avec un mot qui demande à ce qu’on lui trouve une famille ? D’accord on peut aller à l’orphelinat mais cette gamine ne mérite pas cela. Coupée par les hurlements laconiques de garous, Zora fronce les sourcils et rentre ses ailes dans son corps. Elles ne lui serviront plus aujourd’hui …

“Place Churchill il y a un bon établissement … je la réveillerai dans la voiture.” Au moins l’enfant n’aura pas de souvenir de l’abandon de ses parents, c’est déjà ça.

Le trios nouvellement formé se met en marche dans la quiétude de la forêt, personne ne disant mot. L’enfant sombre peu à peu dans le sommeil, bercée par les pas de Zora la portant toujours dans ses bras. Même si parvenue à la voiture la fée est soulagée de poser ce poids, elle ressent un pincement au coeur. “Que va-t-on leur dire ?” Les trois partent dans la voiture d’Alt’ en direction du centre ville. “Toi qui est flic, ça sera pas judicieux de d’abord passer au commissariat ? On ne peut décemment pas l’abandonner ainsi à des inconnus …” Zora n’a pas d’enfants mais la fibre maternelle est bien présente dans son coeur. Si les démarches débouchent, elle se promet de rendre visite à la fillette régulièrement, et pourquoi pas de devenir sa marraine à l’orphelinat.

Sous les lumières du centre ville, la voiture file tranquillement et serpente dans les ruelles. Zora se penche vers l’arrière et claque des doigts. La fillette endormie se réveille et ses yeux papillonnent. “Maman ?” Sa voix s’étrangle et son regard s’emplit de larmes. “Ca va aller …” murmure Zora en se détournant difficilement.

La pauvre enfant va sans doute continuer sa vie dans une famille d’accueil ou bien en orpelinat sans jamais réussir à se souvenir de ce qu’il lui est arrivé. Ses parents l’ont abandonnée, pour son bien à prioris, mais cette sensation ne la quittera jamais.

Parties en direction de la ville, la jeune fille assise à l’arrière de la voiture, Zora grimace face à plusieurs sentiments contrariants. Son dos lui fait mal à cause des cicatrices de ses ailes et bien sur, elle ne peut se retenir de regarder discrètement l’enfant grace au rétroviseur. Elle veut devenir marraine de coeur bien évidemment, en moins de vingt minutes la jeune femme est devenue sentimentale, elle qui n’a jamais réellement souhaité avoir d’enfant. Dans le silence de la voiture, la fée laisse son regard aller sur la conductrice, elle même maman. Comment fait-elle pour ne pas craquer ? Avec son instinct maternelle elle devrait montrer une expression malheureuse mais il semblerait que tout ce qui la préoccupe ça soit les explications à donner à ses collègues … Les parents de l’enfants sont partis, ils sont sans doute très bien cachés et leurs données ne sont sans doute pas dans les bases de données de la police. Personne ne les retrouvera, surtout que Zora et Althéa ne diront rien. Elles sont bien trop consciente que c’est pour le bien de la jeune fille qu’ils ont fait cela …

Parvenues au commissariat l’enfant descend péniblement de la voiture mais suit les femmes leur adressant quelques sourires. Althéa la mène derrière elle, la fée suit à la traine. Après avoir fait leur déposition et laissé l’enfant n’ayant toujours pas dit son nom, il est l’heure de partir. “Je reviendrai porter les documents à fournir pour devenir marraine de coeur,” affirme Zora à la femme d’accueil avant de tourner le dos, retenant une larme. “Ta tanière rien qu’à toi ? Allez va, allons boire se café ! “ La fée adresse un sourire à son amie et la suit tranquillement, laissant ses états d’âme derrière elle, non sans mal. “Ils ont peut être des irish coffe, avec une bonne dose de whisky !”

Il faut aller de l’avant, pas le choix. La jeune wessen est entre de bonne main, elle surmontera cette épreuve comme les autres avant elles et verra que la vie lui offre de belles opportunités.