Mon histoire commence dans une grotte, quelque part en Amérique. De cet antre où l'on ne revenait jamais, on pouvait entendre des cris stridents inhabituels y ressortir ; Je venais tout simplement de naître. Un évènement fâcheux pour ces humains qui devront redouter une nouvelle créature, mais ce n'était certainement pas le cas de mes parents qui furent comblés de compter un nouveau membre dans leur famille ; un fils plus précisément. Le seul qu'ils auront, hélas. J'avais donc survécu à l'épreuve alors que la fraicheur avait envahis les lieux. Mais mes parents, habitués à ce genre de situation, avaient pris la peine d'incendier quelques endroits afin de réchauffer le milieu et pour éviter que je ne trépasse à cause d'un changement trop soudain de température. Sain et sauf, mais surtout fatigué, j'avais donc fini par m'endormir dans les bras de mes parents qui ne tardèrent pas non plus à fermer également les yeux.

Les jours suivants, je grandissais et évoluais dans cette situation peu commune : celle d'être un wesen descendant des dragons. Vivant plus comme des animaux sauvages que comme des êtres humains, nous vivions de rien, seulement de la chasse, de la pêche et de la vie en communauté dans cette grotte où l'on avait élu domicile. Je dois dire que je m'ennuyais assez vite de cette vie lorsque j'étais petit car je n'avais aucun copain de jeu, mais mon père était souvent dans les pattes pour m'éduquer afin que je devienne un terrible dämonfeuer, tout comme lui. Tout d'abord, il m'emmenait donc m'entraîner à capturer quelques petits animaux tel que les insectes puis bientôt les poissons et les moutons pour ensuite essayer de tuer un être humain adulte. Dis comme cela, on pourrait trouver cela complètement terrible, et pourtant, il était parfaitement normal de ce nourrir de ces bipèdes. Lorsque mon vieux en ramenait quelques uns à moitié blessé, c'est moi-même qui les achevait pour parfaire mon entraînement de reptile guerrier. Aussi, nous fêtions ensuite joyeusement l'évènement, moi en recevant les félicitations avant de nous mettre tous à table. Bien souvent, lorsqu'on avait enlevé l'un de ces humains, il était alors rare que l'on s'approche de nouveau de notre territoire pendant un certain temps, jusqu'à ce que l'on finisse par oublier les terribles évènements et que ces insouciants ne reviennent à la charge. Mais un jour, les choses ne se passèrent pas de cette manière-là...

Il paraît que la plupart des humains ne sont que des peureux et nous fuient en nous voyant, mais il existe une poignée d'entre eux qui sont nés pour nous exterminer. Mon père n'avait pas dit cela très explicitement... Seulement, disait-il, qu'il fallait faire attention aux inconnus que l'on rencontrait. Et ce jour-là, alors que l'on se promenait tout les deux pour continuer mon apprentissage, on aperçut au loin un groupe bien armé. Les Grimms. De sa voix menaçante et grave, il m'avait tout de suite crié de faire demi-tour et de courir le plus rapidement possible en direction de notre nid. Là-bas, il saurait nous protéger, ma mère et moi, avait-il rajouté, certain de lui. Alors, sans réellement prendre conscience du danger qui sprintait vers nous et du haut de mes dix ans, j'avais suivis ses ordres sans même chercher à le questionner. Ensuite, je me suis peu à peu enfoncé dans notre antre, le plus loin possible, pour être sûr que les monstres ne me retrouveraient pas. En passant, j'avais prévenu ma mère qui avait rejoint son mari pour aller l'aider dans la bataille. J'étais sûr de moi quant à la conclusion du combat : Deux dämonfeuer contre une poignée d'humains... Ils auraient dû gagner. Et pourtant.

Je me souviens comme si c'était hier de ces voix déchirantes qui secouent mon petit corps apeuré. De ces bruits de flammes et de toussotements qui envahissent l'air. Des hurlements de ces barbares qui hurlent victorieux lorsque l'on peut entendre un premier corps tomber après un dernier souffle expiré. Du gémissement de mon vieux, à l'habituel si fort, qui se bat pour sa vie mais qui ne tient plus. Des pas qui résonnent ensuite dans ma direction lorsque je n'entends plus aucune flamme se créer. De mes pleurs que j'essaye d'arrêter mais qui résonnent et aident les prédateurs à trouver ma cachette. Transi de peur, je les dévisage un à un en me disant alors que cela va être mon tour. Mais on me rassure en disant que l'on ne me veut pas de mal même si l'on m'enchaîne comme une bête et que l'on me tire en dehors de chez moi. Un autre même tente de me tenir par les cornes lorsque j'essaye de créer des flammèches qui apparaissent pendant seulement une millième de seconde. J'ai terriblement peur et je ne sais pas ce qu'ils comptent faire de moi. Bien qu'après l'horrible spectacle qui m'a été offert, cela ne fait pourtant aucun doute sur leurs attentions. Voir même les corps de mes parents figés démontrent également la violence de ces êtres... Je suis un petit lézard condamné.

Plus tard, j'arrive sur les territoires des Grimm. Tout est si différent de chez moi. Si lumineux. Si carré aussi... Je peine à deviner l'utilité de plus de la moitié des objets qui composent chaque pièces et je n'ai d'ailleurs à peine le temps de me poser plus de question que l'on pousse un garçon face à moi avant de lui donner une lame. En voyant son regard, je devine qu'il n'est pas très heureux de ce qu'il s'apprête à faire. Il a beau avoir vraisemblablement le même âge que le miens, il paraît plus faible encore. Après tout, je suis un dämonfeuer. Lui c'est un vermisseau... Il n'est rien. Je woge pour le troubler, l'inquiéter et cela a son petit effet. Il renonce et laisse tomber la lame. Je suis satisfait et j'espère que cela permettra de les pousser à me libérer, mais au lieu de cela, ils conseillent au garçon de réfléchir pendant la nuit, qu'elle porte conseille... Tandis que moi... Moi on m'enferme dans la cave, chaines au cou, aux poignets et aux chevilles.

Je m'étais donc tout simplement endormis cette soirée-là, pensant certainement que ça sera la dernière fois que je pourrais profiter d'un doux somme avant mon exécution, mais non. Le petit garçon était venu me libérer, faisant la remarque qu'il avait eut la bonne idée de laisser croire que je m'étais enfuis pendant la nuit et que comme ça, il ne serait pas obligé de me tuer. Je n'avais pas bien compris pourquoi il avait aussi peur de faire du mal à un dämonfeuer. Que le fait même de me libérer pourrait aussi menacer sa famille alors qu'ils avaient détruis la mienne. D'ailleurs, lorsque nous étions tout les deux à l'extérieur, je lui ai littéralement bondi dessus avant de gronder tout en wogant, hésitant à lui arracher la vie pour la fierté de mes parents ou à le laisser vivre parce qu'après tout, il ne m'avait pas fait de mal, lui. Du coup, je lui demandais une chose totalement folle : celle d'abandonner ses parents pour me suivre. Puisque je ne connaissais plus personne, ça sera lui qui m'aidera à survivre dans cette nouvelle existence. Au départ totalement contre, il finit par céder avec quelques menaces lancées contre lui et puis nous sommes partis.

Ne pouvant me permettre de retourner dans ma grotte alors qu'elle serait le premier endroit où sa famille viendrait le chercher, nous avions pris la décision de changer d'endroit. Une autre grotte prêt de la ville de Portland. Là-bas, le garçon apprit comment mes parents et moi avions vécu, s'étonnant alors de notre capacité à survivre avec si peu tandis que lui me parlait de l'existence diversifiée des humains. C'est d'ailleurs comme cela, en grandissant que l'on a fini par abandonner notre caverne pour habiter dans une demeure digne de ce nom où mon ami pouvait de nouveau s'y plaire... Et c'est comme cela que l'on en est arrivé aujourd'hui. Parfois, il m'arrive d'avoir ce besoin de m'isoler alors je reviens dans ma caverne, le laissant seul. J'ai également fait la connaissance d'une troupe de cirque où je joue les bêtes de foire en wogant et en crachant des flammes tout en jouant les acrobates tandis que mon compagnon a décidé de prendre un chemin totalement différent du miens... Plus calme.

Aujourd'hui, mon copain est reconnu comme étant le Grimm capable d'apprivoiser les dämonfeuer, mais il ne faut pas le croire. On s'entend peut-être bien, on connait malgré tout des périodes de tension. Lui à peur malgré tout qu'un jour, je finisse par le dévorer tout cru tandis que j'ai peur qu'il termine ce qu'il a commencé de faire. Soit : honorer sa famille... M'enfin, on verra bien ce que l'avenir nous réserve.

✎ PRÉNOM ▫ margaux.
✎ PSEUDO ▫ la p'tite mouette.
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