D'aussi loin que remontait ses souvenirs, Will était seul au monde. Ses parents étaient morts à sa naissance et aucun membre de la famille ne s'était présenté pour le réclamer. Son enfance avait donc été entrecoupé par les nombreuses familles d'accueil qui l'avaient pour la plupart accueilli avec réticence. Pour une raison qui lui échappait, beaucoup de ses tuteurs et frères et soeurs d'accueil lui avaient démontrés une certaine crainte ou agressivité.

Même à l'école, les étudiants le prenaient en grippe. Will avait toujours pensé que c'était dû à ses origines orphelines ou son physique fragile qui faisait de lui une cible facile aux railleries et mauvais traitements de ses camarades de classe. Cependant, il n'arrivait pas à expliquer pourquoi il arrivait que certains sursautent en le regardant dans les yeux.

Il y avait aussi cet étrange insulte qui lui était souvent craché au visage "Grimm". Ce mot, Will le connaissait depuis qu'il avait 5 ans. Il se rappelait certains de ses tuteurs le mentionner à voix basse, il se rappelait une petite fille au visage de léopard s'enfuir en criant après qu'il l'ait observé avec insistance, fasciné par les détails de sa fourrure. Ce n'était que plus tard que le jeune homme s'était rendu compte que ses visions rendaient mal à l'aise autant ceux qu'il voyait pour ce qu'ils étaient que ceux qui ne pouvaient rien voir. Les uns le croyaient fou, les autres réagissaient avec violence.

Voilà où il en était: Portland.
La dernière famille où il avait atterri était de loin la pire qu'il ait connu. Le seul tuteur était une énorme créature, grand et prompt à la colère, qui dirigeait une petite armée de brutes tous arborant des traits animaliers ou monstrueux. Will ignorait ce qui l'avait conduit à cette "famille" mais il commençait à se douter qu'il venait de tomber entre l'une des fissures du système qui n'était ni observée ni règlementée.

Alors que les adultes des autres familles utilisaient le terme "Grimm" avec prudence et toujours lorsqu'ils croyaient que Will n'entendait pas, le nouveau tuteur du garçon aimait beaucoup s'en servir dans ses accès de colère. Le sobriquet était souvent repris par les autres orphelins qui préféraient de loin se ranger du côté de l'ogre plutôt que de prendre la défense du jeune homme. Aussi, Will avait pris l'habitude de s'éclipser le plus longtemps et le plus fréquemment possible de la maison.

Mais un soir, alors que son tuteur avait cru l'avoir frappé assez fort pour qu'il n'entende pas, il avait surpris une bribe de conversation.

"Et le détective? Burkhardt! Que doit-on en faire? Je n'aime pas qu'un Grimm se promène libre dans notre ville."

Et Will avait appris qu'il n'était plus seul. Depuis, il avait décidé de retrouver ce détective pour le prévenir du danger et peut-être du même coup, découvrir sa propre identité.